
Introduction
Longtemps perçue comme un bastion de diversité culturelle et de vitalité démocratique, Montréal est progressivement devenue l’un des terrains privilégiés de l’expérimentation des agendas portés par le Forum économique mondial (WEF). Derrière les discours sur l’innovation, le développement durable et la ville intelligente, se déploie une transformation en profondeur du tissu urbain et institutionnel, souvent en décalage flagrant avec la volonté de ses citoyens. Comment cette métropole a-t-elle été enrôlée dans une dynamique technocratique mondialisée, et quels acteurs y orchestrent l’intégration des normes promues par le WEF ?

Grâce à sa position dans les domaines de l’intelligence artificielle, des technologies numériques et de la recherche urbaine, Montréal a été identifiée par plusieurs entités affiliées au WEF comme un environnement propice à l’expérimentation. De nombreux projets, notamment dans la gestion des données urbaines, la surveillance environnementale ou la mobilité intelligente, y ont été implantés sans réel débat public.
La ville est ainsi devenue un laboratoire à ciel ouvert pour tester les politiques inspirées de la « quatrième révolution industrielle » : capteurs urbains, modélisation prédictive, partenariats public-privé, encadrement algorithmique de l’espace public.

Les alliances entre la municipalité, les universités, les grands groupes technologiques et les réseaux transnationaux favorisent l’enracinement de l’agenda globaliste dans la gouvernance montréalaise. Des institutions comme le CEIMIA ou le Mila collaborent directement avec des entités rattachées au WEF, dans une logique de validation académique et de légitimation scientifique.
Ce maillage d’acteurs agit sans transparence, hors de toute délibération démocratique. Les citoyens sont rarement consultés sur les transformations en cours, encore moins informés des implications à long terme en matière de souveraineté, de vie privée ou de dépendance technologique.

Malgré les multiples mobilisations citoyennes contre certains projets technologiques imposés à Montréal, les autorités persistent à privilégier le dialogue avec des consortiums internationaux et des groupes d’experts liés à l’agenda du WEF. Les voix critiques sont régulièrement marginalisées, taxées de résistance au progrès ou reléguées dans des forums non décisionnels.
Les tentatives de mise en débat de ces orientations se heurtent à une volonté manifeste de maintenir le cap fixé par les élites, quitte à sacrifier l’expression démocratique locale. Cette dynamique traduit une déconnexion grandissante entre les aspirations populaires et les stratégies technocratiques imposées d’en haut.

Dans les publications du WEF et de ses partenaires, Montréal est souvent citée comme un modèle de ville innovante, durable et connectée. Mais derrière cette mise en récit flatteuse, les habitants constatent une centralisation des décisions, une perte de contrôle démocratique et une généralisation des expérimentations sociales et technologiques.
Ce fossé entre l’image véhiculée à l’international et la réalité vécue localement illustre les dérives d’un urbanisme piloté par des logiques externes, détachées du bien commun et de l’enracinement territorial.

L’exemple de Montréal démontre comment une ville peut être transformée en laboratoire du Forum économique mondial, sans l’aval de sa population. Cette dynamique révèle le fonctionnement d’un pouvoir technocratique transnational qui avance sous couvert d’innovation, mais sans légitimité démocratique.
Refuser cette captation silencieuse du territoire, c’est exiger que les choix structurants de nos villes soient discutés, votés et validés par les citoyens eux-mêmes. À l’heure où de nombreuses métropoles s’alignent sur les standards globaux dictés depuis Davos, il est plus que jamais urgent de réaffirmer le droit des peuples à décider de leur avenir urbain.