

Chaque année, à Davos, le Forum économique mondial (WEF) donne lieu à un festival d’engagements vertueux : neutralité carbone, réduction des inégalités, inclusion sociale, transformation numérique éthique. Ces déclarations, relayées à grande échelle par les médias, construisent une image d’élites responsables et mobilisées face aux grands défis mondiaux. Mais une fois les caméras éteintes, que reste-t-il de ces engagements ? Sont-ils réellement suivis d’effets tangibles ou relèvent-ils d’un rituel communicationnel sans portée réelle ?

La transition écologique est un thème central des discours de Davos. Pourtant, de nombreuses études, dont celles du Climate Action Tracker, révèlent un décalage alarmant entre les promesses faites et les actions mises en œuvre. La majorité des grandes entreprises présentes multiplient les annonces de "neutralité carbone" à échéance 2040 ou 2050, sans feuille de route crédible, ni mécanisme de contrôle contraignant.
Les engagements sont souvent fondés sur des outils de compensation discutables, comme les crédits carbone, qui permettent de continuer à polluer tout en se présentant comme vertueux. Cette approche dilue la responsabilité directe et alimente un greenwashing généralisé.

Le WEF se veut également porteur de progrès social, avec des engagements en faveur de la parité, de la diversité ou de la lutte contre la pauvreté. Mais dans les faits, les inégalités économiques ne cessent de croître, y compris au sein même des entreprises qui soutiennent ces discours.
Selon un rapport de Oxfam International, les milliardaires présents à Davos ont vu leur fortune augmenter de manière spectaculaire durant les dernières crises, tandis que des millions de personnes sombraient dans la précarité. Le fossé entre les déclarations d’intention et la réalité économique illustre l’écart entre l’affichage éthique et les pratiques systémiques.

L’un des problèmes majeurs des engagements pris à Davos réside dans l’absence de toute obligation de résultat. Il n’existe aucun cadre de vérification indépendant, aucune instance de sanction, et très peu de transparence sur les actions réellement entreprises.
Les initiatives comme le "Stakeholder Capitalism Metrics" sont fondées sur l’auto-déclaration des entreprises, sans audit rigoureux ni contrôle externe. Cette absence de redevabilité permet aux participants de multiplier les annonces sans jamais en subir les conséquences en cas de non-respect.

Les engagements pris à Davos peinent à se traduire en actions concrètes et mesurables. Dans un système où l’image prime sur l’impact, les déclarations vertueuses servent souvent à renforcer la légitimité des élites, tout en maintenant des structures de pouvoir inchangées. Pour sortir de cette logique performative, il est urgent d’exiger des mécanismes de transparence, de contrôle et de reddition des comptes. Faute de quoi, le Forum économique mondial restera une scène de promesses creuses, déconnectée des réalités vécues par les peuples.