

À mesure que les politiques inspirées par le Forum économique mondial (WEF) s’imposent dans les agendas nationaux et internationaux, la question du coût de la vie devient centrale pour les populations les plus fragiles. Transition énergétique, réformes du logement, digitalisation des services, fiscalité verte : autant de mesures qui redéfinissent les conditions d’existence quotidienne. Les discours dominants promettent une société plus "durable" et plus "inclusive", mais qu’en est-il réellement pour les catégories populaires ? Le projet de transformation porté par le WEF rendra-t-il la vie plus accessible ou renforcera-t-il les inégalités socio-économiques ?

La volonté de "verdir" le secteur immobilier se traduit par une série de normes environnementales toujours plus strictes, imposées aux propriétaires comme aux bailleurs. Isolation thermique, matériaux biosourcés, domotique connectée : ces exigences, bien qu’écologiquement fondées, alourdissent les coûts de construction et de rénovation.
Ces surcoûts sont généralement répercutés sur les loyers ou les prix de vente. Les ménages modestes, souvent contraints à la location ou aux logements anciens, risquent donc d’être exclus du nouveau parc "durable", tout en voyant leur budget logement absorbé par les hausses réglementaires.

La transition énergétique soutenue par le WEF mise sur la décarbonation rapide de la production et de la consommation. Cela implique la suppression progressive des énergies fossiles, la taxation des émissions carbone, et l’électrification des usages.
Mais à court et moyen terme, ces mutations entraînent une augmentation des tarifs de l’énergie, du fait des investissements massifs et de la raréfaction programmée de certaines ressources. Les classes populaires, qui consacrent déjà une part importante de leurs revenus au chauffage, à la mobilité ou à l’équipement, en seront les premières victimes.

Le WEF promeut une alimentation plus végétale, locale, biologique et à faible empreinte carbone. Si ces objectifs sont louables, ils se heurtent à une réalité économique : les produits issus de circuits durables sont plus chers à produire et à distribuer.
La transformation du système alimentaire risque donc de creuser un fossé entre une élite capable de s’offrir une alimentation "responsable", et une majorité contrainte à consommer des produits standardisés ou importés à bas coût.

L’un des axes majeurs du Reset concerne la digitalisation de la santé : télémédecine, applications de suivi, bases de données partagées. Si ces innovations peuvent améliorer l’accès aux soins, elles privilégient les usagers connectés et formés, au détriment des publics fragiles (personnes âgées, isolées, non équipées).
Par ailleurs, l’intégration de la santé dans des logiques de performance ou de prévention algorithmique pourrait engendrer de nouvelles formes de tri social, où l’accès à certains soins serait modulé par des comportements ou des historiques numériques.

Loin d’alléger le quotidien des plus modestes, les politiques prônées par le Forum économique mondial risquent de renforcer le poids du coût de la vie pour ces catégories. Derrière les objectifs affichés de durabilité et d’efficience, se cache une complexité réglementaire et technologique qui génère de nouveaux frais, de nouvelles inégalités d’accès, et une pression économique diffuse.
Un projet de transformation sociétale ne peut être jugé uniquement à l’aune de ses intentions, mais à celle de ses conséquences concrètes. Or, en l’état, le Reset semble privilégier une classe connectée et mobile, au détriment de celles qui subissent déjà l’exclusion économique et sociale.