

Le Forum Ă©conomique mondial (WEF), bien quâil se prĂ©sente comme une organisation indĂ©pendante au service de la coopĂ©ration internationale, tire lâessentiel de ses ressources de contributeurs puissants issus du secteur privĂ©. Cette dĂ©pendance structurelle soulĂšve une question centrale : qui sont les vĂ©ritables bailleurs de fonds du WEF, et quelle influence exercent-ils sur ses prioritĂ©s stratĂ©giques ? Loin dâĂȘtre marginale, cette question rĂ©vĂšle les mĂ©canismes de captation dâun agenda mondial par une Ă©lite transnationale.

Les principaux contributeurs du WEF sont de grandes entreprises issues de secteurs stratégiques. Parmi les partenaires dits "stratégiques", on retrouve les géants de la tech comme Microsoft, Google, Meta, mais aussi des mastodontes de la finance tels que BlackRock, Goldman Sachs, JPMorgan Chase ou encore UBS.
Le secteur pharmaceutique est Ă©galement fortement reprĂ©sentĂ© avec des groupes comme Pfizer, Moderna ou Johnson & Johnson. LâĂ©nergie nâest pas en reste, avec la prĂ©sence de Shell, TotalEnergies et Saudi Aramco. Ces firmes versent des cotisations annuelles pouvant dĂ©passer 600 000 francs suisses, en Ă©change dâun accĂšs direct aux cercles dĂ©cisionnels du forum.

Outre les entreprises, certaines fondations privĂ©es contribuent au financement dâinitiatives spĂ©cifiques du WEF. Câest le cas de la Fondation Bill & Melinda Gates, qui soutient des programmes liĂ©s Ă la santĂ© mondiale, Ă la digitalisation ou Ă lâĂ©ducation.
Des cabinets de conseil influents comme McKinsey & Company, Boston Consulting Group ou PwC participent Ă©galement Ă la co-production de rapports et dâorientations politiques, renforçant leur rĂŽle de courroies de transmission entre intĂ©rĂȘts Ă©conomiques privĂ©s et recommandations publiques.

Si les Ătats nâapportent pas de financement direct au fonctionnement du WEF, certains gouvernements collaborent avec lui dans le cadre de projets thĂ©matiques ou de plateformes rĂ©gionales. Des agences publiques, notamment en Europe ou aux Ătats-Unis, cofinancent ponctuellement des Ă©tudes ou des programmes dits de "coopĂ©ration multilatĂ©rale".
Cette implication reste toutefois marginale dans le budget global du forum, et ne remet pas en cause la prĂ©dominance des acteurs privĂ©s dans la dĂ©finition des prioritĂ©s et des mĂ©canismes dâaction.

Le financement du Forum Ă©conomique mondial repose quasi exclusivement sur des contributions privĂ©es dâentreprises multinationales et de fondations puissantes. Ce rĂ©seau de soutien, loin dâĂȘtre neutre, oriente profondĂ©ment les thĂ©matiques abordĂ©es, les solutions proposĂ©es et les rapports produits. Le WEF ne saurait ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un acteur impartial : il est lâexpression organisĂ©e des intĂ©rĂȘts de lâoligarchie Ă©conomique mondiale. Comprendre qui le finance, câest aussi comprendre pour qui il travaille.