

Souvent perçu comme un simple forum de rĂ©flexion, le Forum Ă©conomique mondial (WEF) dispose en rĂ©alitĂ© de moyens financiers consĂ©quents, qui lui permettent dâexercer une influence considĂ©rable sur lâagenda global. Mais cette puissance suscite une question centrale : qui finance rĂ©ellement le WEF, et Ă quelle hauteur ? La rĂ©ponse met en lumiĂšre une structure Ă©troitement liĂ©e aux grandes multinationales, bien plus quâĂ une quelconque reprĂ©sentativitĂ© institutionnelle ou dĂ©mocratique.

Le WEF est une fondation privée de droit suisse. Contrairement à certaines organisations internationales, il ne dépend pas de contributions étatiques. Son financement provient à plus de 90 % de ses membres et partenaires, essentiellement des entreprises multinationales.
Il existe plusieurs niveaux dâadhĂ©sion, avec des cotisations annuelles pouvant atteindre entre 60 000 et 600 000 francs suisses selon le statut (membre, partenaire, partenaire stratĂ©gique). Les plus hauts niveaux donnent un accĂšs privilĂ©giĂ© aux cercles de dĂ©cision, aux groupes de travail thĂ©matiques et aux rencontres confidentielles de Davos.

Selon les rapports financiers disponibles de la fondation, le WEF disposait en 2022 dâun budget annuel avoisinant les 400 millions de francs suisses. Ce chiffre a connu une croissance continue, preuve de lâattractivitĂ© de la plateforme pour les grandes firmes globales.
Ces ressources lui permettent de financer des rapports stratĂ©giques, des plateformes sectorielles (Ă©nergie, numĂ©rique, santĂ©...), des hubs rĂ©gionaux, ainsi que des Ă©vĂ©nements tout au long de lâannĂ©e. Loin dâĂȘtre un simple think tank, le WEF fonctionne comme une structure dâingĂ©nierie dâinfluence Ă lâĂ©chelle mondiale.

Parmi les principaux contributeurs du WEF, on retrouve les gĂ©ants du numĂ©rique (Microsoft, Google, Meta), de la finance (BlackRock, Goldman Sachs, UBS), de lâindustrie pharmaceutique (Pfizer, Moderna) ou de lâĂ©nergie (Shell, TotalEnergies). Ces acteurs Ă©conomiques majeurs bĂ©nĂ©ficient dâun accĂšs direct aux dĂ©cideurs politiques et participent Ă lâĂ©laboration des prioritĂ©s globales.
Cette collusion entre capital privĂ© et pouvoir normatif alimente les critiques : loin dâun espace neutre de rĂ©flexion, Davos agit comme une interface dâinfluence au service dâintĂ©rĂȘts spĂ©cifiques.

Le financement du Forum Ă©conomique mondial repose presque exclusivement sur des contributions privĂ©es dâentreprises multinationales, avec un budget annuel de plusieurs centaines de millions. Cette dĂ©pendance structurelle Ă lâĂ©gard du capital globalisĂ© explique en grande partie les orientations politiques, Ă©conomiques et technologiques promues par lâorganisation. Loin dâĂȘtre un espace impartial, le WEF est un acteur engagĂ©, reprĂ©sentant les intĂ©rĂȘts dâune Ă©lite Ă©conomique mondiale qui façonne lâavenir sans mandat dĂ©mocratique. Un constat qui interroge profondĂ©ment la lĂ©gitimitĂ© de son influence sur les grands enjeux collectifs.