
Introduction
Le Forum économique mondial (WEF) se présente comme une plateforme dédiée à la résolution des grands défis contemporains. Chaque année, à Davos, une sélection de thèmes est mise à l’honneur, regroupant des centaines d’intervenants issus des sphères économiques, politiques, technologiques et culturelles. Si ces sujets semblent variés et globaux, une analyse plus fine révèle une orientation idéologique cohérente et récurrente. Quels types de sujets y sont réellement abordés, et dans quelle finalité ?

Parmi les sujets les plus récurrents figurent les enjeux climatiques. Le WEF promeut une transition énergétique rapide, orientée vers la neutralité carbone, la régulation des émissions et l’essor des technologies dites vertes.
Cependant, ces débats occultent souvent les implications économiques, sociales et souverainistes de ces politiques : mécanismes de crédits carbone, normes internationales contraignantes, centralisation des décisions environnementales et marginalisation des alternatives locales.

Le forum consacre une large place aux technologies de rupture : intelligence artificielle, blockchain, 5G, biométrie, cybersécurité, métavers, etc. Le récit dominant y valorise une société hautement numérisée, interconnectée, et pilotée par les données.
Les risques de surveillance massive, d’automatisation du travail ou d’atteinte à la vie privée sont peu discutés. Le WEF promeut une gouvernance algorithmique pilotée par des consortiums technologiques, au détriment des processus démocratiques.

Sous le concept de « capitalisme des parties prenantes », le WEF propose un modèle économique hybride où les grandes entreprises s’imposent comme co-gestionnaires des enjeux publics. Ce discours moralise le capitalisme sans le remettre en cause, en intégrant les critères ESG dans les logiques de rentabilité.
Ce paradigme conforte les multinationales dans leur rôle d’acteurs politiques, en contournant les mécanismes de régulation étatique et en imposant des standards globaux sans validation démocratique.

Depuis la crise du Covid-19, les sujets liés à la santé globale ont gagné en importance dans les discussions du forum. Vaccination de masse, coopération internationale, sécurité biologique et préparation aux pandémies sont abordés dans une logique centralisatrice.
Le rôle des grandes entreprises pharmaceutiques et des agences supranationales y est valorisé, souvent au détriment des États et des systèmes de santé nationaux. Le débat sur la souveraineté sanitaire est éludé.

Le WEF met en avant les thèmes de l’inclusion, de la parité et de la justice sociale. Ces sujets, légitimes en soi, sont toutefois souvent intégrés dans un discours uniforme, orienté vers la compatibilité avec l’ordre global.
Il s’agit moins de remettre en cause les rapports de pouvoir que de produire un consensus moral valorisant la diversité en surface tout en maintenant l’architecture hiérarchique des élites économiques et technocratiques.

Les thèmes abordés au Forum économique mondial sont loin d’être neutres. Derrière leur apparente diversité se cache une cohérence idéologique fondée sur la gouvernance technocratique, la marchandisation des enjeux sociaux et l’institutionnalisation d’un capitalisme réformé mais consolidé.
Il est donc impératif de déconstruire ces discours, d’interroger leurs finalités réelles et de rappeler que les sujets qui comptent ne doivent pas être débattus à huis clos par une élite cooptée, mais dans l’espace public, avec et pour les citoyens.