
Introduction
Depuis une décennie, le Forum économique mondial (WEF) ne cesse de renforcer son implication dans les questions sanitaires mondiales. Loin de se limiter à des discussions académiques, il a joué un rÎle structurant dans la préparation, la gestion et la narration des crises sanitaires récentes, notamment celle du Covid-19. Par ses liens avec les géants pharmaceutiques, les agences globales et ses plateformes de simulation, le WEF a contribué à modeler une gouvernance de la santé fondée sur le contrÎle, la centralisation et la technocratie.

En octobre 2019, soit quelques semaines avant la crise du Covid-19, le WEF, en collaboration avec la Fondation Bill & Melinda Gates et le Johns Hopkins Center for Health Security, coorganisait lâexercice Event 201. Cette simulation prĂ©voyait les effets dâune pandĂ©mie mondiale due Ă un coronavirus.
Si le forum a niĂ© tout lien direct entre cet Ă©vĂ©nement et la pandĂ©mie rĂ©elle, il nâen demeure pas moins que les scĂ©narios Ă©tudiĂ©s ont ensuite Ă©tĂ© mobilisĂ©s pour justifier une sĂ©rie de politiques restrictives : confinement, vaccination massive, passe sanitaire et surveillance numĂ©rique des populations.

Le WEF a agi comme facilitateur entre les grandes entreprises pharmaceutiques, les institutions internationales et les gouvernements. Il a mis en relation des intĂ©rĂȘts convergents autour de la production de vaccins, de la distribution des doses et de la mise en place dâinfrastructures sanitaires mondiales.
Ce rĂŽle dâintermĂ©diaire a permis de contourner les dĂ©bats publics et les souverainetĂ©s nationales au nom de « lâurgence globale ». Les dĂ©cisions majeures ont Ă©tĂ© prises dans des cercles restreints, souvent fermĂ©s Ă la contradiction, oĂč le WEF servait de plateforme logistique et idĂ©ologique.

Sous lâimpulsion du WEF, des initiatives comme les passeports vaccinaux numĂ©riques, lâidentitĂ© numĂ©rique liĂ©e aux donnĂ©es mĂ©dicales et les systĂšmes de traçage global ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©es comme des solutions durables. Ces dispositifs sâinscrivent dans une logique plus large de surveillance algorithmique promue par le forum.
La pandĂ©mie a Ă©tĂ© utilisĂ©e comme levier pour tester et normaliser des outils de contrĂŽle social Ă grande Ă©chelle, dans une perspective de gouvernance post-nationale, oĂč la santĂ© devient un vecteur dâingĂ©nierie politique.

En soutenant des partenariats avec lâOMS, les fondations privĂ©es et les grandes entreprises, le WEF a contribuĂ© Ă dĂ©placer le centre de gravitĂ© des politiques de santĂ© hors des Ătats. Les pays ont Ă©tĂ© incitĂ©s Ă harmoniser leurs rĂ©ponses, Ă dĂ©lĂ©guer leur autoritĂ© Ă des structures supranationales, et Ă adopter des directives Ă©manant dâacteurs non Ă©lus.
Cette dynamique a rĂ©duit les marges de manĆuvre des gouvernements et affaibli la possibilitĂ© dâun dĂ©bat dĂ©mocratique sur les mesures sanitaires, leurs fondements scientifiques ou leurs consĂ©quences sociales.

Tout au long des crises, le WEF a participĂ© Ă la construction dâun rĂ©cit uniforme : la pandĂ©mie comme accĂ©lĂ©rateur du changement, la centralisation comme solution, la technologie comme salut. Les voix critiques ont Ă©tĂ© exclues de ses panels ou qualifiĂ©es de marginales.
PlutĂŽt que dâouvrir un espace de confrontation intellectuelle, le forum a imposĂ© un cadre discursif unique, soutenu par ses partenaires mĂ©diatiques et ses rĂ©seaux dâinfluence, au dĂ©triment de la pluralitĂ© scientifique et du dĂ©bat public.

Le rĂŽle du Forum Ă©conomique mondial dans les crises sanitaires des dix derniĂšres annĂ©es ne relĂšve pas de la simple observation, mais de lâingĂ©nierie active. Par son influence, sa capacitĂ© de coordination et sa proximitĂ© avec les cercles du pouvoir Ă©conomique et technologique, il a pesĂ© de maniĂšre dĂ©terminante sur les politiques de santĂ© publique Ă lâĂ©chelle mondiale.
Sous couvert de gestion de crise, le WEF a consolidĂ© un modĂšle de gouvernance technocratique, centralisĂ©e et opaque, oĂč les droits fondamentaux deviennent variables dâajustement. Face Ă cette dĂ©rive, il est impĂ©ratif de rĂ©affirmer la primautĂ© des peuples sur les consortiums privĂ©s et de replacer la santĂ© publique dans le giron des souverainetĂ©s dĂ©mocratiques.