

Sous l’influence croissante du Forum économique mondial (WEF), les États sont de plus en plus incités à réformer la gestion des services publics en s’appuyant sur des modèles dits « collaboratifs », souvent incarnés par des partenariats public-privé (PPP). Ces structures hybrides sont présentées comme des solutions d'efficacité et d'innovation, capables de moderniser l'action publique face aux défis globaux. Mais derrière cette rhétorique technocratique, se cache une réalité bien moins neutre : le glissement progressif de la souveraineté publique vers des intérêts privés transnationaux, souvent portés par les grandes entreprises partenaires du WEF.

Les domaines traditionnellement régaliens — santé, éducation, énergie, transports, données civiles — sont désormais envisagés comme des « marchés à optimiser ».
Les PPP permettent à des entreprises privées de :
• Coconstruire des infrastructures (hôpitaux, réseaux numériques, écoles)
• Fournir des prestations (gestion de données médicales, plateformes d’éducation)
• Fixer les conditions d’usage et parfois même les tarifs
Ainsi, les grands groupes technologiques et industriels deviennent co-acteurs des politiques publiques, sans légitimité démocratique directe.

En s’alignant sur les recommandations du WEF et d’organismes multilatéraux, les États adoptent des réformes favorisant l’extraction de valeur au sein des services publics.
Cette évolution se traduit par :
• Une dépendance croissante aux technologies étrangères
• Une perte de maîtrise sur les données stratégiques
• Une standardisation mondiale des modèles de gestion, au détriment des spécificités locales
Le pouvoir de décision se déplace peu à peu vers des entités privées globalisées, expertes en logistique, cloud, IA ou ingénierie sociale.

Les PPP reposent sur des accords contractuels longs, complexes, souvent peu transparents pour les citoyens et difficilement renégociables.
La logique de rentabilité prend le pas sur l’intérêt général. Les populations les plus vulnérables se retrouvent confrontées à :
• Des hausses tarifaires injustifiées
• Une accessibilité restreinte en fonction des zones ou des profils
• Une déshumanisation des rapports usagers-services
Le service public devient une prestation conditionnée, soumise aux impératifs commerciaux d’acteurs extérieurs à la communauté nationale.

Le discours dominant valorise la « transformation numérique », la « smart governance » ou la « résilience ». Pourtant, ces termes recouvrent souvent une stratégie d’annexion douce du bien commun.
Le WEF pousse à cette logique de convergence public-privé à travers ses groupes de travail, ses rapports et ses initiatives multi-acteurs, où les grandes entreprises fixent les priorités politiques en contournant les processus démocratiques classiques.

L’évolution des services publics vers des partenariats dominés par les grandes entreprises transnationales marque un changement profond de paradigme : du service citoyen au service client.
Sous l’égide du Forum économique mondial, cette mutation fragilise la souveraineté des peuples et réduit les marges d’action des États à de simples fonctions de coordination technique.
Revenir à une logique de service public souverain, transparent, au service de tous, suppose de rompre avec la dépendance aux modèles managériaux du privé globalisé, et de réinvestir l’autorité politique sur les fonctions vitales de la nation.