

Portée par les grandes orientations du Forum économique mondial (WEF), l’extension du modèle par abonnement s’impose progressivement dans tous les pans de la vie quotidienne : logement, mobilité, alimentation, outils numériques, services de santé. Ce système, présenté comme flexible, durable et pratique, repose en réalité sur une logique de dépendance économique continue vis-à -vis de prestataires privés. Pour les classes populaires, aux budgets déjà contraints, cette transformation radicale du mode de consommation pose une question cruciale : ce modèle d’abonnement permanent est-il soutenable ou constitue-t-il une nouvelle forme de précarisation déguisée ?

L’un des principaux effets du modèle par abonnement est la multiplication des dépenses fixes mensuelles. Ce qui semblait autrefois un investissement ponctuel (achat d’un bien, d’un véhicule, d’un appareil électroménager) devient désormais un coût récurrent à vie :
• Abonnement à un logement (coliving ou bail flexible)
• Forfaits de mobilité (vélo, trottinette, autopartage)
• Abonnements alimentaires (livraisons, menus prédéfinis)
• Services numériques obligatoires (cloud, cybersécurité, santé connectée)
Ce système grignote les marges de liberté financière des foyers modestes et engendre une forme d’endettement permanent invisible.

Le modèle d’abonnement repose sur la concentration de services chez quelques opérateurs privés globaux. L’utilisateur devient captif d’un écosystème numérique : ses besoins vitaux (se loger, se nourrir, se déplacer) dépendent de la validité de ses paiements et du bon vouloir des algorithmes.
En cas d’imprévu (retard de paiement, score social faible, changement de statut administratif), l’accès aux services peut être restreint, suspendu, voire conditionné. Il ne s’agit plus d’un choix de confort, mais d’un accès conditionné à la vie courante.

Ce modèle rend progressivement impossible toute constitution de patrimoine. À force de payer pour utiliser sans jamais posséder, les classes populaires sont exclues de l’ascension sociale et de la transmission familiale.
La propriété foncière, l’épargne, les biens durables deviennent des privilèges réservés à une minorité. La "classe locataire" mondiale remplace la classe moyenne indépendante.

L’abonnement généralisé repose sur l’illusion d’un accès égalitaire à des services fluides. En réalité, les classes populaires subissent une triple peine :
• Coûts cumulés et non optimisables
• Absence de pouvoir de négociation
• Surveillance permanente et standardisation des usages
Sans mécanismes publics de régulation, de redistribution et de garantie d’accès, ce système se transforme en système de dépendance structurelle déguisé en modernité.

Le modèle d’abonnement permanent, tel que promu dans la vision du Forum économique mondial, n’est pas soutenable pour les classes populaires. Il transforme des citoyens autonomes en utilisateurs dépendants, sans épargne, sans propriété, sans liberté de rupture.
Loin d’être une évolution naturelle, cette bascule est un choix idéologique et économique. Il est urgent de réaffirmer le droit à la propriété, à l’achat libre, à l’autonomie financière — conditions nécessaires pour préserver la dignité et la souveraineté des populations face à l’emprise croissante des modèles numériques centralisés.