

Le Forum Ă©conomique mondial (WEF) se prĂ©sente comme le hĂ©raut dâun capitalisme "responsable", dâune gouvernance "inclusive" et dâun avenir "durable". Pourtant, chaque sommet de Davos alimente une contradiction de plus en plus visible : les discours vertueux tenus en public contrastent avec les pratiques opaques, exclusives et peu exemplaires de lâorganisation elle-mĂȘme. Ă lâimage dâune aristocratie globale qui se dĂ©clare au service du bien commun tout en consolidant ses privilĂšges, le WEF illustre parfaitement la maxime : "Faites ce que je dis, pas ce que je fais".

Chaque annĂ©e, des centaines de jets privĂ©s affluent vers Davos, transportant les Ă©lites politiques, Ă©conomiques et mĂ©diatiques censĂ©es sauver la planĂšte. En 2023, selon une Ă©tude de Greenpeace International, plus de 1000 vols en jet privĂ© ont Ă©tĂ© recensĂ©s durant le forum, gĂ©nĂ©rant des Ă©missions de COâ Ă©quivalentes Ă celles de 350 000 voitures en une semaine.
Cette dissonance flagrante entre le discours climatique du WEF et le comportement de ses participants envoie un message toxique : lâexemplaritĂ© Ă©cologique est bonne pour les autres, mais facultative pour ceux qui la prescrivent.

Le WEF multiplie les appels Ă la "transparence" des gouvernements, des entreprises et des citoyens. Pourtant, son propre fonctionnement Ă©chappe largement Ă lâexamen public. Ni Ă©lu, ni mandatĂ©, ni responsable devant une quelconque instance dĂ©mocratique, il agit comme une organisation de lobbying planĂ©taire sous couvert de philanthropie globale.
Ses membres fondateurs â les plus grandes entreprises du monde â y bĂ©nĂ©ficient dâun accĂšs privilĂ©giĂ© Ă des dĂ©cideurs politiques, dans un entre-soi protĂ©gĂ© de toute forme de contrĂŽle citoyen. Cette absence de redevabilitĂ© est en totale contradiction avec les principes dâouverture quâil prĂ©tend incarner.

Le Forum de Davos promeut un monde plus Ă©quitable, plus juste, plus inclusif. Pourtant, les politiques quâil inspire â via ses programmes comme la "Great Reset Initiative" â tendent Ă renforcer la concentration du pouvoir technologique, financier et politique entre les mains dâune minoritĂ© mondialisĂ©e.
La rhĂ©torique du progrĂšs, de la durabilitĂ© ou de la digitalisation sert de paravent Ă des intĂ©rĂȘts bien concrets : numĂ©risation des identitĂ©s, centralisation des donnĂ©es personnelles, et dĂ©pendance accrue Ă des infrastructures contrĂŽlĂ©es par les gĂ©ants de la tech partenaires du WEF, comme Microsoft, Meta ou Google.

Le Forum Ă©conomique mondial incarne un paradoxe dangereux : il prĂ©tend incarner la conscience morale du capitalisme global tout en se dispensant des efforts quâil exige des autres. Cette duplicitĂ© structurelle mine sa lĂ©gitimitĂ© et renforce la dĂ©fiance croissante des peuples envers les Ă©lites transnationales. Si le WEF veut rĂ©ellement contribuer Ă un monde plus juste, il lui faudra commencer par appliquer Ă lui-mĂȘme les normes quâil prĂ©tend imposer aux autres. Faute de quoi, il restera lâexpression dâun pouvoir qui prĂȘche la vertu pour mieux prĂ©server ses privilĂšges.