

Chaque annĂ©e Ă Davos, sous lâĂ©gide du Forum Ă©conomique mondial (WEF), les plus grandes entreprises mondiales rĂ©affirment leur attachement aux objectifs climatiques et Ă la transition Ă©cologique. Mais derriĂšre les discours soigneusement calibrĂ©s et les engagements affichĂ©s, une question cruciale demeure : ces multinationales respectent-elles rĂ©ellement leurs promesses ? Loin dâune transformation authentique, il semblerait que ces annonces sâinscrivent dans une stratĂ©gie de communication destinĂ©e Ă prĂ©server leur influence tout en contrĂŽlant lâagenda climatique mondial.

Depuis lâAccord de Paris, de nombreuses entreprises membres du WEF ont multipliĂ© les dĂ©clarations dâintention : neutralitĂ© carbone dâici 2050, investissements dans les Ă©nergies renouvelables, dĂ©carbonation de la chaĂźne logistique. Mais selon une Ă©tude de Net Zero Tracker de 2023, plus de 60 % de ces engagements manquent de clartĂ©, de transparence ou de mĂ©canismes de contrĂŽle contraignants.
Cette absence de suivi rigoureux permet aux entreprises de sâabriter derriĂšre des Ă©chĂ©ances lointaines et des indicateurs vagues. Pendant ce temps, leur impact rĂ©el sur les Ă©missions mondiales reste considĂ©rable. Les plus gros pollueurs, tels que Shell, Amazon ou Microsoft, continuent dâaccroĂźtre leurs activitĂ©s, tout en revendiquant un leadership climatique.

Le discours dominant Ă Davos repose sur lâidĂ©e que les solutions Ă la crise climatique viendront du marchĂ©, de lâinnovation technologique et dâune gouvernance multipartite. Pourtant, dans les faits, beaucoup des entreprises prĂ©sentes continuent Ă financer des projets fossiles ou Ă externaliser leurs Ă©missions vers des pays Ă rĂ©glementation laxiste.
Selon InfluenceMap, 58 % des plus grandes entreprises présentes au WEF participent activement à des campagnes de lobbying contre les réglementations climatiques contraignantes, tout en promouvant une image éco-responsable dans les médias. Ce double discours mine la confiance du public et sape les efforts réels de transition écologique.

La transition Ă©cologique promue Ă Davos se caractĂ©rise aussi par une volontĂ© de capter les bĂ©nĂ©fices Ă©conomiques de lâĂ©conomie verte. Les investissements massifs dans lâhydrogĂšne, les batteries ou les crĂ©dits carbone servent souvent Ă renforcer les monopoles existants.
PlutĂŽt que de soutenir une dĂ©centralisation Ă©nergĂ©tique ou des modĂšles alternatifs, les grandes entreprises cherchent Ă contrĂŽler les technologies Ă©mergentes et Ă orienter les normes internationales selon leurs intĂ©rĂȘts. Lâenvironnement devient un nouveau champ de captation Ă©conomique, habillĂ© du langage de la durabilitĂ©.

Les engagements climatiques affichĂ©s Ă Davos peinent Ă se traduire en actions crĂ©dibles et mesurables. DerriĂšre les promesses de neutralitĂ© carbone et les slogans verts se cache une stratĂ©gie dâinfluence qui vise Ă maintenir lâordre Ă©conomique Ă©tabli tout en façonnant un narratif acceptable pour les opinions publiques. Il est temps de sortir de cette illusion dâautorĂ©gulation et de remettre la transition Ă©cologique entre les mains des citoyens, des Ătats souverains et dâune gouvernance vĂ©ritablement responsable, affranchie des intĂ©rĂȘts oligarchiques.